L'Algérie La renaissance
L'Algérie, si proche et si loin.
L'un des plus beaux pays du continent africain, le plus grand depuis la division du Soudan, reste encore très mal connu des Français. Loin du tourisme de masse, à seulement deux heures et demi de vol de Paris, il a beaucoup à offrir aux amateurs de patrimoine culturel, d’immensités désertiques, de plages sauvages et de montagnes. Contrairement au Maroc et à la Tunisie, l’Algérie dispose encore d’un littoral très préservé. Au cours d’une journée, on peut rencontrer les quatre saisons et passer de la plage à la montagne.
Alger, El-Bahdja « La radieuse », est le point de départ. Depuis peu, les façades des immeubles, pour la plupart Haussmannien ont été rénovés, et la ville a été entièrement repeinte en blanc et en bleu. Dynamique et nostalgique, c’est une rencontre avec l’histoire qui nous attend. Le front de mer nous emmène jusqu’à la grande poste et on devine à chaque coin de rue des traces de présence française. D’ailleurs, le pays est resté très francophone. Direction la casbah, le quartier mythique au cœur de la ville. Classée au patrimoine mondial de l’humanité depuis 1992, elle reste l’âme d’Alger. Il faut absolument se perdre dans ses ruelles escarpées pour en découvrir le charme et au passage déguster les « Mhadjeb » crêpes algériennes farcies à base de tomates concassées et d’oignons. La ville blanche possède aussi des coins de verdures comme le « jardin d’Essai » où fût tourner « Tarzan » en 1932. Après 4 ans de fermeture pour rénovation, il vient à nouveau d’ouvrir ses portes. Il est le « Rendez-vous » des Algérois les weekends en été comme en hiver. On y vient en famille immortaliser un moment de bonheur dans la partie tropicale ou dans le jardin français aux allures Versaillaises. On y découvre une Algérie moderne et joyeuse qui a envie de sortir de l’ombre après la décennie noire des années 90 marquées par des attentats à répétition. Si les Algérois restent très méfiants et vigilants, on ne ressent plus d’insécurité dans le centre d’Alger. L’idéal est de se déplacer en bus ou en voiture car une partie de la ville a été construite sur un plateau au niveau de la mer, et l’autre partie sur la colline. Les distances sont donc importantes. En montant jusqu’à « Notre Dame d’Afrique » qui domine le quartier Saint Eugène, on peut admirer le dégradé des petites maisons aux toits orangés offrant un joli contraste avec le bleu azur de la mer. Plus bas, on arrive dans le très populaire Babel Oued (« la petite rivière ») célèbre notamment pour sa place des trois horloges. A quelques encablures, la grande poste au style Hyspano-mauresque d’Andalousie, est un incontournable. Construit sur un ancien fort Turc, cet édifice représente la diversité architecturale, si spécifique à Oran et à Alger. A 70 kilomètres de la capitale (1h45 en bus), on rejoint Tipaza. Ce site antique qui signifiait « l'escale » en phénicien est tourné vers la Méditerranée. On y croise de nombreux algériens qui, sur un vestige romain contemplent l’horizon pendant des heures. A 13 kilomètres de là, sur les collines du Sahel verdoyantes, il faut s’arrêter quelques minutes au Mausolée Royal (appelé aussi « tombeau de la Chrétienne »). Construit à 250 mètres au-dessus du niveau de la mer, ce mystérieux caveau fût un temps attribué à la fille de Cléopâtre. Ce n’est qu’en 1865, que des chercheurs découvriront une double chambre funéraire…vide. Aujourd’hui encore, il reste une énigme. On rejoint ensuite Oran (à 450KM d’Alger) par l’autoroute. Surnommée, El Bahia (« la coquette »), la ville a été occupée dès la préhistoire par une tribu berbère. La légende raconte qu’au Xème siècle, des lions vivaient dans la région pour protéger la ville. Il ne reste aujourd’hui que deux grandes statuts représentants les fauves devant la mairie place d’armes. Tout près, dans le plus vieux quartier, celui de « La Marine » à deux pas du port, les maisons aux couleurs passées font penser à un décor de cinéma en carton-pâte des années 30.
Oran
Toujours considérée comme la ville la plus joyeuse et la plus cosmopolite d’Algérie, Oran est aussi le berceau du Raï. La majorité des filles portent des jupes courtes et les habitants sont plus détendus que dans la capitale. Pour s'en rendre compte, il suffit de déambuler rue de la Bastille à l’heure du marché entre les vendeurs d’épices, d’olives et goûter la calentica (galette à base de pois chiches). Aussi vivantes que sportives, les ruelles en pente offrent parfois des points de vue spectaculaires sur le front de mer. Mais le plus beau se trouve sur les hauteurs de Santa Cruz. La vierge y fût construite en 1849 après une épidémie de Choléra. La maladie disparut quelques jours après son édification. C’est à partir de cette terrible histoire, qu’Albert Camus a donné naissance à son roman « La peste » qui lui valut le prix Nobel en 1957. Quelques années auparavant, dans « Le Minotaure » il écrivait la plus belle déclaration d'amour jamais faite à la ville : « Sur les plages d'Oranie tous les matins d'été ont l'air d'être les premiers du monde. Mais ceci ne peut se partager, il faut l'avoir vécu.»
Tipaza
L' Algérie s'ouvre au tourisme
« Il y a un voyage qui brillera toujours en particulier pour moi. Un voyage où j'ai rencontré un pays qui m'est cher. L'hospitalité et la générosité y sont toujours sincères. Les paysages y sont spectaculaires.» Ces propos sont de Zinédine Zidane. L'un des plus grands joueurs de football de tous les temps, d'origine Algérienne né à Marseille, a prêté sa voix à un spot de publicité vantant les richesses de l'Algérie. Une grande première qui en dit long sur la volonté des dirigeants de miser sur le tourisme. Après avoir été présent sur des salons à Madrid, Milan, Berlin et plus récemment au 37e édition du Salon mondial du tourisme à Paris, l'Algérie participera même prochainement à l'Exposition Internationale de Yéosu en Corée du Sud.
Dans le cadre d'un séjour de promotion destiné aux voyagistes français, le directeur général de l’Office national du tourisme Mohamed Amine Hadj Saïda a affiché clairement ses intentions : « On connaît trop mal notre pays. Il est temps de mettre l'accent sur sa diversité. Peu de gens savent qu'il est l'un des plus grands réservoirs de vestiges romains dans le monde. Notre littoral fait 1.200 km. Nous ne montrons que 20% de nos richesses. Il faut que cela change.» affirme-t-il avec enthousiasme. Même discours au ministère du tourisme. L'État vient d'attribuer 58 milliards de dinars (580 millions d'euros) pour la modernisation de 70 hôtels publics dont la construction remonte aux années 1970.
A titre d'exemple, l'hôtel Aurassi, l'un des plus célèbres et des plus luxueux d'Alger, a rouvert récemment après une rénovation de plus de deux ans qui a coûté 72 millions d'euros. Le lieux qui surplombe la baie d'Alger compte désormais 453 chambres dont 414 de luxe. Mais l'effort devrait aussi porter sur l'hôtellerie plus accessible. Plus de 700 projets en cours de réalisation devrait faire passer la capacité en lits de 90 000 à 160 000. De quoi recevoir les touristes en plus grand nombre. Les revenus liés au tourisme représentent moins de 10 % du produit intérieur brut. Mais pour le directeur général de l’Office national du tourisme, Mohamed Amine Hadj Saïd, cela ne va pas tarder à changer. Avec ses équipes, il veut s'employer à « mettre en valeur la véritable image touristique de l’Algérie qui n'a rien à voir avec celle pour l'instant présentée dans le monde.»
Il insiste sur le potentiel de son pays en matière de tourisme balnéaire, de pêche, de sports nautiques et de plage accessible dans des villes côtières telles Annaba, Bejaïa, Alger, Oran ou Mostaganem.
La destination devrait donc au fil des années commencer à s'inscrire dans les circuits commerciaux internationaux. Ce qui permettra aussi de satisfaire les demandes de plus en plus croissantes du marché intérieur.
Carnet pratique :
Avec : Visa Travel (visatravel@yahoo.fr), Tel: 00213.29.72.13.95
Y aller: Avec Air Algérie (www.airalgerie.dz)
Plus d'infos: www.ont.dz
Par Jessica Pierné